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Leave no trace

Le film

Synopsis

Leave no trace (2018) est un film américain, inspiré de faits réels. Cette oeuvre psychologique et humaniste relate l’histoire d’un père, Will, et de sa fille, Tom, vivant cachés dans une réserve naturelle.

Souffrant de stress post-traumatique, Will, ancien soldat, élève sa fille à l’écart de la société, dans une forêt. Leur mode de vie se retrouve bouleversé, le jour où quelqu’un voit Tom et alerte les forces de l’ordre.

Adapté du livre My Abandonment, de Peter Rock, ce long métrage est dédié en hommage posthume à Jack Fahey. Ce dernier était un défenseur des droits humains, engagé entre autre, contre la guerre du Vietnam.

Critique

Profondément émotionnel, le film est centré sur la relation de confiance, d’amour platonique et de respect entre le père et sa fille. L’œuvre analyse comment ce lien fort permet à Will de rester lié à l’humanité, mais également la complexité de cette connexion entre deux êtres si opposés: l’un scarifié par la vie et l’autre encore intacte. Pudeur, délicatesse et subtilité tissent en douceur la trame de cette histoire bouleversante mais bienveillante.

Sans aucun recours à des flashbacks sanguinolents, le film arrive cependant à bien cerner et à révéler les séquelles psychologiques et émotionnelles de la violence. Aucune violence ne s’exerce entre les personnages non plus. Le scénario s’élève bien loin des clichés mélodramatiques ou manichéens. Cette justesse des sentiments, cette esquive des excès et ce refus des stéréotypes, tout comme cette tendresse entre les personnages, n’en suscitent que davantage un profond élan de compassion du spectateur envers eux.

Analyse

Will se sent rejeté par cette société qui ne le comprend pas. Également différent de ses frères d’armes survivants qui trouvent un maigre réconfort dans les médicaments, il a trouvé, lui, un refuge dans la nature.

Il ne ressent de paix qu’en s’éloignant de cette société à laquelle il n’appartient plus. Il la fuit et s’en protège. Son propre pays est devenu « l’ennemi ».

Déconnecté des autres par les séquelles de la violence qu’il a connue, Will éprouve aussi de profondes difficultés à retrouver sa place. Le peuple qu’il a défendu pendant la guerre lui apparait désormais comme étranger.

Quand Will dit « We’re wearing their clothes, we’re eating their food, we’re doing their work ». (Nous portons leurs vêtements, nous mangeons leur nourriture, nous faisons leur travail).

Son utilisation du pronom « leur » prouve la distanciation qu’il éprouve par rapport à cette société qu’il se retrouve incapable de réintégrer. Une séquence montre à quel point l’aide pour les vétérans est légère et déshumanisée. Will est abandonné devant un ordinateur, face à un questionnaire psychiatrique infini, dicté par un enregistrement monocorde et désincarné.

Tom, quant à elle, se retrouve déchirée entre son amour pour son père et l’envie de s’intégrer à une société qu’elle n’a aucune raison de rejeter. A la fois l’enfant par son âge et par la protection que son père lui donne, elle est aussi l’adulte quand elle le rassure la nuit alors qu’il fait des cauchemars ou qu’elle essaie de le réconcilier avec l’humanité.

Les rôles s’inversent quand Will se retrouve vulnérable, brisé par son passé, alors que Tom possède encore la force de l’innocence et de l’optimisme. « Same thing that is wrong with you isn’t wrong with me » (Ce qui est cassé chez toi ne l’est pas chez moi) essaie-t-elle de lui expliquer.

Face au mutisme de son père sur son traumatisme, et malgré toute son affection, Tom a parfois du mal à comprendre son comportement. « Did you even try? Because I can’t tell. » (As tu essayé au moins? Parce que je saurai pas le dire). lui demande-t-elle, frustrée par son comportement.

Outre la complexité d’être à ce moment délicat où l’on n’est plus vraiment une enfant mais pas encore une femme, Tom doit aussi aider seule une personne en situation de stress post traumatique. La difficulté de sa situation est amplifiée par son rôle double de protégée/protectrice de son propre père,

La réalisatrice

Debra Granik

Debra Granik, également auteure du film Winter’s bone (2011) qualifie son style de « réalisme social ». elle souhaite représenter les personnes marginales ou exclues de la société, les battants, les survivants, les blessés de la vie.

Photo par Vegafi, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

Dans le film, la jeune fille découvre, dans les papiers de son père, une coupure de journal, A unit stalked by suicide, trying to save itself (Une unité traquée par le suicide essaie de survivre). Il s’agit en réalité d’un véritable article, publié dans le New York Times du 20 septembre 2015. Le texte parle d’une unité de combat de Marines frappée par un haut taux de suicide à son retour d’Afghanistan. Peut-être le personnage du père s’identifie-t-il à leur mal-être, ou la réalisatrice sous-entend qu’il aurait lui-même fait partie de ce régiment. Ceci confirme sa volonté d’ancrer ses œuvres dans un réalisme social avéré, tout comme son reportage sur le stress post-traumatique chez les vétérans, réalisé avant le film.

Bibliographie

Liens utiles
Sources
  • Leave no trace Allociné:informations cinématographiques, avis presse et public
  • Debra GranikAllociné: entretien avec la réalisatrice
  • Leave no TraceIMDb: informations, avis des utilisateurs
  • My AbandonmentThe Peter Rock project: site sur le livre dont le film est tiré
  • Jack Fahey Pen Bay Pilot: nécrologie sur le défendeur des droits humains auquel le livre est dédié
  • Winter’s boneAllociné: informations, avis presse et public

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2 commentaires

  1. Un travail d’une grande délicatesse pour parler du sensible. Ton art permet de toucher les gens avec la justesse d’une caresse sur la joue pour consoler celui qui pleure. Bravo !

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